Naples ou la fureur de vivre
Publié le 18 Février 2015
J'ai passé quelques jours à Naples et il faut que je m'en remette.
Mais promis, je passerai par ce blog pour divulguer les images les plus marquantes et le récit d'un séjour inoubliable.
LA VIE N'Y EST QUE BRUIT
« Tout Naples n’est qu’un cri. Le fait seul de décrire une révolte populaire, massive, porte naturellement à donner vie aux murmures grandissants, aux grognements sourds, aux déplacements de la foule qui constituent une basse continue ponctuée fréquemment d’éclats sonores, d’interjections, de “Vive !” et de “À mort !”, des marques d’une frénésie, en somme, qui s’épancherait dans une fureur sonore. »
" Tout Naples n'est qu'un cri. Le fait seul de décrire une révolte populaire, massive, porte naturellement à donner vie aux murmures grandissants, aux grognements sourds, aux déplacements de la...
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LA MORT Y EST POETIQUE ET MYTHIQUE
Quand longtemps a grondé la bouche du Vésuve
Quand sa lave écumant comme un vin dans la cuve,
Apparaît toute rouge au bord,
Naples s’émeut : pleurante, effarée et lascive,
Elle accourt, elle étreint la terre convulsive ;
Elle demande grâce au volcan courroucé.
Point de grâce ! Un long jet de cendre et de fumée
Grandit incessamment sur la cime enflammée
Comme un cou de vautour hors de l’aire dressé.
Soudain un éclair luit ! Hors du cratère immense
La sombre éruption bondit comme en démence :
Adieu, le fronton grec et le temple toscan !
La flamme des vaisseaux empourpre la voilure.
La lave se répand comme une chevelure
Sur les épaules du volcan.
Elle vient, elle vient, cette lave profonde
Qui féconde les champs et fait des ports dans l’onde.
Plage, mers, archipels, tout tressaille à la fois.
Ses flots roulent vermeils, fumants, inexorables,
Et Naple et ses palais tremblent plus misérables
Qu’au souffle de l’orage une feuille des bois !
Chaos prodigieux ! La cendre emplit les rues,
La terre revomit des maisons disparues,
Chaque toit éperdu se heurte au toit voisin,
La mer bout dans le golfe et la plaine s’embrase,
Et les clochers géants, chancelant sur leur base,
Sonnent d’eux-mêmes le tocsin !
Mais c’est Dieu qui le veut ! Tout en brûlant des villes,
En comblant les vallons, en effaçant les îles,
En charriant les tours sur son flot en courroux,
Tout en bouleversant les ondes et la terre,
Toujours Vésuve épargne, en son propre cratère,
L’humble ermitage, ou prie un vieux prêtre à genoux.
Victor Hugo
Chants du Crépuscule