Recueil Corpus - notre corps est un puzzle à assembler

Publié le 25 Juillet 2013

Après un exemple donné dans le cadre de la première partie, qui m'aura permis de mieux me faire comprendre et de récolter quelques pépites de textes (un grand MERCI au passage chers auteurs), voilà un autre exemple, cette fois pour la partie intitulée "Pièces détachées".

Car chaque partie du corps a une histoire... Et je me dis que ça peut être marrant (ou glauque, selon les récits) de mettre bout à bout des histoires qui relatent le destin de seulement une pièce de ce puzzle étrange qu'est le corps humain.

Vous allez voir, il ne faut pas avoir peur du ridicule, et le quotidien peut inspirer bien des choses...

Recueil Corpus - notre corps est un puzzle à assembler

Star system chez les orteils

J’ai toujours été le plus dénigré. Le moins apprécié, le plus détesté. Je crois qu’il n’existe pas assez d’adjectifs pour qualifier ce que les autres pensent de moi.

On pourrait me couper sans trop endommager la démarche de l’ensemble. C’est mon ongle le plus petit et c’est sur moi qu’il est le plus difficile d’enlever la peau morte.

Je me lamente dès qu’on me met du vernis à ongles. Ca débord toujours et l’odeur est infecte, sans compter tous les trucs chimiques qui sont dedans et qui doivent abîmer ma peau délicate.

Il paraît que je ne suis pas le seul discriminé. Sur l’autre pied du géant auquel j’appartiens, il y a un autre petit orteil. Dont je n’ai entendu que du mal. Comme pour moi.

J’aimerais bien le rencontrer plus souvent, mais le géant ne croise pas souvent les pieds. Pas pratique. Dommage. Ou alors il faudrait rebasculer l’ensemble pour que toutes les parties paires – car j’ai entendu dire que les petits orteils n’étaient pas le seul couple séparé – se rejoignent, mais il faudrait emmerder le bassin.

Or, osthéopatiquement parlant, ce n’est pas évident pour un petit orteil de faire chier le bassin. Surtout pour une partie du corps qui est destinée à disparaître de l'être humain, d'après quelques chercheurs. Je ferais donc partie des survivors.

Le gros orteil, peut-être, pourrait m'aider ? Mais d’une, ce n’est pas mon copain. Il me pousse toujours vers le mur ou tout autre obstacle douloureux quand le géant marche sans regarder où il met ses pieds.

Et de deux, il n’a aucun intérêt à faire chier le bassin puisque lui peut rencontrer de temps à autre son binôme.

Il y a une véritable injustice.

Mais aujourd’hui, en plein mois de juillet, c’est mon jour de vengeance.

Le géant n’accorde de l’attention qu’à ce petit orteil qui vous écrit depuis le sol. Je me fais caresser, cajoler, regarder sans arrêt, gronder, apprivoiser… et je ronronnerais si je pouvais.

Au lieu de prêter de l’attention au plus gros, qui est très jaloux, le géant fait de moi la star d’un jour. Je n’en suis pas moins détesté pour autant.

Mais je rends quand même service. Grâce à moi, les deux pieds, les dix orteils, les mollets, les genoux, les cuisses et j’en passe ont évité la séance de footing hebdomadaire. Le géant aurait trop souffert.

Dommage quand même qu’il ne remarque mon existence que parce que je porte un magnifique, énorme, rouge, bouton de moustique.

Rédigé par t-as-vu-ma-plume

Publié dans #Mes écrits : Poids Plume

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