Les écrivains en herbe et en arbre – spéciale année du Mexique

Publié le 24 Mars 2011

 

J’ai découvert une écrivaine particulière qui vit non loin de chez moi. Elle est scientifique, biologiste plus exactement, et s’est toujours intéressée aux arbres. D’où l’idée d’écrire sur eux et de raconter leur histoire.

 

Nombreux sont les écrivains qui sont grimpés dans les arbres. L’un des plus connus est sans doute Italo Calvino, avec Le Baron perché, un incontournable de nombreuses bibliothèques. En partant du prétexte d’une dispute entre le jeune baron Giacomo et ses parents, l’auteur nous emmène dans un monde vu d’en haut, aux côtés des oiseaux et juste au-dessus des nuages. Une nouvelle vision du monde qui est inaccessible à la plupart. Mais le jeune Giacomo relève tous les défis (se nourrir, se vêtir, se laver etc.) qu’impliquent une vie dans les arbres et décide d’y rester jusqu’à la fin de ses jours. L’intérêt du roman est également historique, puisqu’il fait la rencontre de Napoléon et d’autres personnages historiques qui, pour une raison de reconquête de pouvoir ou simplement  pour se cacher, passent dans la forêt de Giacomo.

 

«   Le berger qui ne fumait pas alla chercher un petit sac et déversa sur la table un tas de glands. Il se mit à les examiner l'un après l'autre avec beaucoup d'attention, séparant les bons des mauvais. Je fumais ma pipe. Je me proposai pour l'aider. Il me dit que c'était son affaire. En effet : voyant le soin qu'il mettait à ce travail, je n'insistai pas. Ce fut toute notre conversation. Quand il eut du côté des bons un tas de glands assez gros, il les compta par paquets de dix. Ce faisant, il éliminait encore les petits fruits ou ceux qui étaient légèrement fendillés, car il les examinait de fort près. Quand il eut ainsi devant lui cent glands parfaits, il s'arrêta et nous allâmes nous coucher.
     La société de cet homme donnait la paix. Je lui demandai le lendemain la permission de me reposer tout le jour chez lui. Il le trouva tout naturel, ou, plus exactement, il me donna l'impression que rien ne pouvait le déranger. Ce repos ne m'était pas absolument obligatoire, mais j'étais intrigué et je voulais en savoir plus. Il fit sortir son troupeau et il le mena à la pâture. Avant de partir, il trempa dans un seau d'eau le petit sac où il avait mis les glands soigneusement choisis et comptés. »

 

C’était un extrait de L’Homme qui plantait des arbres, de Jean Giono, nouvelle écrite en 1953 qui s’affiche également en texte revendicatif pour une « politique de l’arbre », du reboisement.

 

baobab

 

Mais partons en Amérique du Sud, en commençant brièvement par Gabriel Garcia-Marquez, qui, dans Cent ans de solitude, écrit la prophétie fatidique lancée par le gitan Melquiades : Le premier de la lignée est lié à un arbre et les fourmis sont en train de se repaître du dernier.

Et arrêtons-nous au Mexique, afin de mettre à l’honneur sa littérature. Miguel Angel Asturias (1899-1974) confirme cette conception romantique du lien entre l’homme et l’arbre : l’arbre est un point de départ, un pilier de notre environnement et peut en un sens exprimer la liberté.

 

Six hommes peuplèrent le Pays des Arbres * : trois qui venaient dans le vent, et trois qui venaient dans l'eau, et l'on n'en voyait que trois. Car il y en avait trois caché dans la rivière et l'on ne voyait que ceux qui venaient dans le vent quand ils descendaient de la montagne pour boire l'eau.

Six hommes peuplèrent le Pays des Arbres.


Les trois qui venaient dans le vent vagabondaient dans la liberté des campagnes semées de merveilles.
Les trois qui venaient dans l’eau se suspendaient aux branches des arbres reflétés par la rivière, pour mordre dans les fruits ou effrayer les oiseaux, qui étaient innombrables et de toutes couleurs.

Les trois qui venaient dans le vent réveillaient la terre, comme les oiseaux, avant le lever du soleil et, au crépuscule du soir, les trois qui venaient dans l’eau s’étendaient comme les poissons, dans le fond de la rivière, sur les herbes pâles et élastiques, feignant une grande fatigue ; ils faisaient coucher la terre avant la tombée de la nuit.


Les trois qui venaient dans le vent, comme les oiseaux se nourrissaient de fruits. Les trois qui venaient dans l’eau, comme les poissons se nourrissaient d’étoiles.


(…)

Et dans les arbres qui venaient dans le vent et passaient dans l’eau, les trois qui venaient dans le vent, les trois qui venaient dans l’eau, assouvissaient leur faim sans distinguer les bons fruits des mauvais, parce que les premiers hommes avaient la faculté de connaître qu’il n’y avait pas de mauvais fruits : tous sont le sang de la terre, doux ou amer selon l’arbre qui les produit.

 

 

Quand à Magali Amir, biologiste et écrivaine, c'est une autre histoire...

Rédigé par t-as-vu-ma-plume.over-blog.com

Publié dans #Cercles de culture

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