Silo - un bon livre de science fiction paranoiaque

Publié le 25 Mars 2016

L'auteur est Hugh Howey, et il fait partie des exemples de réussite d'un système que je ne cautionnerai pour rien au monde : "Connu grâce à son roman Silo (Wool), un phénomène d'autopublication sur Internet vendu via Amazon à plus de 500 000 exemplaires, il a travaillé en tant que capitaine de yacht avant d'entamer sa carrière d'écrivain."

Mais tant mieux pour lui. Et j'ai été embarquée comme rarement depuis un moment dans un roman de science fiction.

C'est de la vraie science-fiction, on n'est pas dans une tentative de reconstitution de la réalité. Aucun parallèlisme précis à chercher. En même, des questions se posent et des leçons de morale se dessinnent...

Silo - un bon livre de science fiction paranoiaque

QU'EST-CE QUE C'EST?

"Dans un futur postapocalyptique indéterminé, quelques milliers de survivants ont établi une société dans un silo souterrain de 144 étages. Les règles de vie sont strictes. Pour avoir le droit de faire un enfant, les couples doivent s’inscrire à une loterie. Mais les tickets de naissance des uns ne sont redistribués qu’en fonction de la mort des autres.
Les citoyens qui enfreignent la loi sont envoyés en dehors du silo pour y trouver la mort au contact d’un air toxique. Ces condamnés doivent, avant de mourir, nettoyer à l’aide d’un chiffon de laine les capteurs qui retransmettent des images de mauvaise qualité du monde extérieur sur un grand écran, à l’intérieur du silo.
Ces images rappellent aux survivants que ce monde est assassin.
Mais certains commencent à penser que les dirigeants de cette société enfouie mentent sur ce qui se passe réellement dehors et doutent des raisons qui ont conduit ce monde à la ruine. "

Synopsis Actes Sud

POURQUOI C'EST BIEN?

C'est déjà bien écrit, et le récit s'étoffe petit à petit, ce qui permet au lecteur de digéerr au fur et à mesure tout ce qui concerne les différents personnages, leur passé, celui du Silo.

Ensuite, rien n'est si simple. Certes, il y a quelques vrais grands méchants et d'autres vrais gens héroïques. Mais la frontière entre bien et mal, entre vérité et mensonges est parfois difficile à trouver. Le fin mot de l'histoire (le monde extérieur est-il finalement habitable? Sur quoi est-ce qu'on nous ment exactement?) n'est pas donné d'avance et le suspense est réel.

Mais surtout, ce qui est emblématique de cette histoire et très symbolique, c'est justelement le silo :

- Dans le récit, on commence tout en haut, la tête tournée vers l'extérieur puisqu'un personnage est immédiatement condamné à sortir. On descend peu à peu en suivant la Maire du Silo, qui fait ce qu'elle peut mais n'est qu'une marionnette. Cette descente, pour aller recruter une jeune femme forte en tant que nouvelle commissaire, est longue. La montée sera un peu moins longue dans le récit. Puis les montées et descentes, entre les différents personnages, se succèdent et s'accélèrent. Le silo et ses 144 étages rythment ainsi le récit.

- On est obligés de voir une certaine reconstitution d'une société hiérarchisée : les ouvriers du fond travaillent à fournir l'électricité, le Maire et le Commissaire sont en haut, les Directions du renseignement (ou l'éqiuvalent) sont au milieu. L'authentique et ce qui peut paraître le plus proche de notre humanité d'aujourd'hui se trouve ainsi tout en bas. La remontée de la Maire vers le hautsera la démonstration que plus on monte vers le pouvoir, plus la lumière s'allie à la perversion. Mais également que ceux qui détiennent l'information ne sont pas ceux qu'on croit, et parasitent tout lien entre le pouvoir et le peuple.

- Dans le principe, un silo est cloisonné, coupé du reste. Alors si on s'aventure dans le monde des concepts, quoi de mieux pour illustrer la maîtrise du savoir par quelques uns, et coupé du reste du monde, que ce silo? La question qui taraude peu à peu nos personnages, c'est s'il est possible de vivre à l'extérieur, si des gens ont réussi à créer une société dehors et n'attendent plus que nous, et si cette information est gardée secrête pour assurer notre servilité. Mais pour obtenir des informations sur le monde extérieur, il faut avoir un oeil dehors. Pour sortir, il faut monter. Pour monter, il faut de la volonté et passer devant les spécialistes du "renseignement" (je ne sais plus comment ils s'appellent dans le livre) qui ne demandent qu'une chose : foutre dehors et exterminer les perturbateurs. Perturbateurs qui ne sont jamais revenus...

Silo - un bon livre de science fiction paranoiaque

EXTRAITS

« Ce n’était pas seulement le tabou du nettoyage, la peur du monde extérieur. C’était l’espoir. Cet espoir mortel et inexprimé qui vivait en chaque habitant du silo. Un espoir ridicule, fantastique. L’espoir que, peut-être pas pour soi, mais pour ses enfants, ou pour les enfants de ses enfants, la vie au-dehors redevienne un jour possible, et ce, grâce au travail du DIT, grâce aux épaisses combinaisons qui sortaient de leurs laboratoires. » (p. 76)

"J’arrive à l’âge où on voit ses amis, les gens avec qui on a grandi, tomber comme des mouches, mais où on est encore assez jeune pour faire semblant qu’on ne sera jamais concerné." (p. 317)

Point négatif, qui n'est pas vraiment un, c'est qu'il y a une suite... Pour moi, ce livre, avec la fin qu'il propose, se suffit à lui-même. Je ne sais donc pas si je m'attaquerai aux auter volumes.

Rédigé par t-as-vu-ma-plume

Publié dans #Cercles de culture

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
la science-fiction n'est pas forcément le style littéraire que je lis le plus, mais visiblement celui-ci est à retenir.
Répondre