L’Affaire Lerouge – le roman de l’ancêtre d’Agatha Christie et Conan Doyle

Publié le 6 Juin 2013

Emile Gaboriau a tout du romancier policier moderne. Il manipule les familles « haut placées » avec une assez grande ironie, et fait de leurs mystères et secrets morbides des histoires assez sensationnelles.

Sauf qu'il est du 19ème siècle...

Le côté polar apparaît classique, mais il faut en fait se dire que c’est lui qui fait partie de ce qui a constitué ce classicisme.

En effet, on reconnaît ce qui a notamment inspiré Agatha Christie (je connais beaucoup moins les romans de Conan Doyle), à travers ces policiers et enquêteurs atypiques, doués d’une perspicacité à toute épreuve, ce qui n’empêche pas les coupables de les faire tourner en bourrique pendant quelques centaines de pages.

L’Affaire Lerouge – le roman de l’ancêtre d’Agatha Christie et Conan Doyle

J’ai beaucoup apprécié cette histoire, L’Affaire Lerouge, et en encourage vivement la lecture à tous ceux qui ont aimé Hercule Poirot et Miss Marple mais qui aimeraient changer d’air et découvrir davantage ce qui se passe dans la tête d’un meurtrier.

Synopsis

En mars 1862, une femme d'une cinquantaine d'années, la veuve Lerouge, est assassinée sauvagement dans la maison isolée qu'elle occupe à Bougival. Lecoq, jeune agent de la Sûreté Parisienne s'adjoint les services d'un détective amateur, le père Tabaret, pour mener à bien l'enquête difficile qui s'annonce... Grâce à la méthode d'investigation psychologique de Tabaret, la lumière va peu à peu se faire sur l'extraordinaire complot qui est à l'origine du meurtre de Bougival. Une affaire complexe, digne ancêtre des plus éprouvants suspenses de l'histoire du genre, menée de main de maître par le duo le plus atypique et le plus pittoresque jamais mis en scène...

Par rapport aux romans d’Agatha Christie, je trouve que ce roman d’Emile Gaboriau explore davantage la fracture entre la passion et la raison, exprimée par le meurtre.

Extrait

En ce moment, cet homme noble et fier [M. Daburon], ce magistrat si sévère pour lui-même, s’expliqua les délices irrésistibles de la vengeance. Il comprit la haine qui s’arme d’un poignard, qui s'embusque lâchement dans les recoins sombres, qui frappe dans les ténèbres, en face ou dans le dos, peu importe, mais qui frappe, qui tue, qui veut du sang pour son assouvissement !…

En ce moment, précisément, il était chargé d’instruire l’affaire d’une pauvre fille publique, accusée d’avoir donné un coup de couteau à une de ses tristes compagnes.

Elle était jalouse de cette femme, qui avait cherché à lui enlever son amant, un soldat ivrogne et grossier.

M. Daburon se sentait saisi de pitié pour cette misérable créature qu’il avait commencé d’interroger la veille.

Elle était très laide et vraiment repoussante, mais l’expression de ses yeux, quand elle parlait de son soldat, revenait à la mémoire du juge.

«Elle l’aime véritablement, pensait-il. Si chacun des jurés avait souffert ce que je souffre, elle serait acquittée. Mais combien d’hommes ont eu dans leur vie une passion ? Peut-être pas un sur vingt.»

Il se promit de recommander cette fille à l’indulgence du tribunal et d’atténuer autant qu’il le pourrait le crime dont elle s’était rendue coupable.

Rédigé par t-as-vu-ma-plume

Publié dans #Cercles de culture

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