Août 2012 : je me remets à la fantasy… Septembre 2012 :je relaisse tomber la fantasy…

Publié le 14 Septembre 2012

Il se tenait au pied de mon lit, une lampe à la main. En soi, l'objet constituait déjà une rareté à Castelcerf ou les bougies étaient plus courantes, mais ce ne fut pas seulement la lueur jaunâtre de la lampe qui retint mon attention: l'homme en lui-même était étrange.

Sa robe avait la couleur de la laine brute qui a était lavé, mais par intermittence et pas récemment. Ses cheveux et sa barbe étaient à peu près dans les mêmes tons et leur aspect hirsute donnaient la même impression de négligence. Malgré la couleur de sa chevelure, je fus incapable de lui donner un âge. Il y a certaines véroles qui marquent leur passage; mais je n'avais jamais vu de visage aussi grêler que celui-là, couvert de dizaine et de dizaines de minuscules cicatrices rondes, d'un rose et d'un rouge agressif, telles de petites brulures, sur une peau livide même dans l'éclat jaune de la lampe. Il avait des mains osseuses aux tendons saillants, recouverte d'une peau blanche qui ressemblait à du parchemin. Il me dévisageait et, malgré la piètre lumière de la lampe, je vis qu'il avait les yeux verts, les plus perçants que j'eusse jamais observés. On eut dit ceux d'un chat lorsqu'il chasse et son regard exprimait le même mélange de plaisir et de férocité. Je ramenais ma courtepointe jusque sous mon menton.

"Tu es réveillé, dit-il. Tant mieux. Lève-toi et suis moi."

 

C’est l’extrait du premier tome de la saga L’Assassin royal de Robin Hobb, avec pour titre L’Apprenti assassin.

 

Ca faisait longtemps que je n’avais pas lu de fantasy. Après A la croisée des mondes (que j’avais adoré), Narnia (que j’avais tellement détesté que j’ai laissé tomber à la page 50), et autres, je m’y réessaie en ayant dix ans de plus. C'est dingue quand même, ce double diagnostic sur notre génération et les plus jeunes qui lisent de moins en moins mais de plus en plus de sagas monstrueuses en termes de nombre de pages...

 

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Autant l’avouer tout de suite, j'ai aimé, mais pas au point de vouloir lire l’ensemble de tous les tomes, surtout sachant qu’il y en a 13 en tout !

Mais Robin Hobb a quand même inventé un univers particulier, plein de mystères et attirant. Point de « magie », si ce n’est la faculté de communiquer/communier avec les animaux (le Vif est une sorte de pouvoir très réprimandé car considéré comme sale), ou celle de télépathie « améliorée » avec les humains (l’Art est par contre un pouvoir très utile, honorable… et dangereux). On est plutôt dans un contexte médiéval, avec des chevaliers, des fiefs, des maitres d’écuries, des professeurs mystérieux reclus dans des tours du château… Et Fitz, qui signifie batard, est le batard de Chevalerie (ça tombe bien !), l’un des prétendants au trône du royaume des Loinvoyant (qui finit d’ailleurs par abandonner).

Elevé au sein du château, il se rend compte que le roi le destine à un rôle particulier. En effet, qui mieux qu’un batard pour faire le diplomate au sang royal tout en faisant verser le sang des rois ennemis ?

Le passage que vous avez lu en début d’article fait donc mention de la première rencontre entre un professeur de « relations diplomatiques », empoisonnement et autres techniques d’assassinat, prénommé Umbre, et Fitz.

Cette période d’apprentissage est assez impressionnante, surtout quand on se souvient que Fitz commence cette formation de tueur à dix ans environ. Il ne passera pas que par des succès (sinon ce ne serait pas drôle) mais peut compter sur une intelligence assez remarquable (qualité qu’on reconnaîtra dans la grande majorité des héros de fantasy, et qui du coup manque un peu d’originalité).

La lecture est agréable, laisse place à du suspense et des échanges intéressants. Mais rien de transcendant pour moi. La fantasy, ce n’est plus trop mon truc, n’en déplaise à certains qui pensent que c’est mon genre de littérature tout simplement parce que j’ai écrit un polar aux allures paranormales (ce qui n’a strictement rien à voir). Après cette lecture de l’été, je suis un peu frustrée de ne pouvoir connaître la suite des aventures de Fitz, mais vais éviter de me faire prêter les douze autres tomes, ceci sans regrets.

Ne vous précipitez donc pas sur L’Apprenti assassin, sauf si vous kiffez la fantasy et que vous avez du temps devant vous.

Rédigé par t-as-vu-ma-plume

Publié dans #Cercles de culture

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F
Bah ma misstinguett, attends d'être bien accroché à Game of thrones, la série star de HBO et accessoirement la saga chef d'oeuvre de GRR Martin avant de laisser totalement tomber le fantasy!<br /> Cela dit, pour une adepte du genre (à ma plus grande honte, ça et les manga, ce sont des péchés mignons du flamby) le fantasy a l'immense défaut d'être souvent très mal écrit [ou mal traduit], trop<br /> tolkieniste (toujours les memes cartes, toujours les même noms ou personnages...).<br /> Pour moi Robin Hobb fait assez exception, même si je n'ai pas lu toutes ses oeuvres. ya du bon et du moins bon, voire même du congelé réchauffé...La série de Fitz est la meilleure à mon sens. Un<br /> assassin qui n'aime pas assassiner, un bâtard qui prend tous les coups du monde à la place des autres... Un personnage torturé dans tous les cas.<br /> Bref, dans l'attente de tes prochains articles,<br /> ;)
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