L’habit ne fait pas le patrimoine

Publié le 15 Avril 2013

 

Pourquoi a-t-on besoin de savoir ?

En quoi savoir ce que chacun possède peut nous aider à déterminer si on peut avoir confiance en l’action d’un acteur politique lambda ?

 

La propriété est devenue non seulement un pouvoir, mais une source de légitimité (je suis bon gestionnaire et je suis puissant) et de crédibilité (je déclare tout ce que j’ai donc vous pouvez me faire confiance).

 

Un texte relatant de la propriété, que beaucoup connaissent, et qui est tout de même classé dans une certaine utopie, est à retenir (merci Rousseau) :

 

"Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eut point épargnés au  genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant un fossé, eût crié à ses semblables: Gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne. Mais il y a grande apparence, qu'alors les choses en étaient déjà venues au point de ne pouvoir  plus durer comme elles étaient; car cette idée de propriété, dépendant de beaucoup d'idées antérieures qui n'ont pu naître que successivement, ne se forma pas tout d'un coup dans l'esprit humain. Il fallut faire bien des progrès, acquérir bien de l'industrie et des lumières, les transmettre et les augmenter d'âge  en âge, avant que d'arriver à ce dernier terme de l'état de nature".

 Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, seconde partie.

 

Ce besoin soudain de montrer ce qu’on possède, à la fois dans un souci de transparence pour contrer Cahuzac, mais également de simplicité pour montrer (ou faire croire) qu’on ne possède pas grand-chose, montre le malaise grandissant de la classe politique envers nous.

Ah, Rama Yade qui se vantait de s’habiller en H&M, afin de montrer qu’elle connait les goûts et couleurs de la France d’en bas… on a alors l'impression que ces déclarations relèvent d'une honnêteté inébranlable et d'un engagement fort, alors que c'est une obligation dans la plupart des pays européens...

 

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Ceux qui nous gouvernent actuellement se déclarent à gauche et proches des moins « munis ». il faut donc que leur patrimoine soit sinon modeste, au moins à la limite de la décence. Sinon, ils risquent de perdre de leur crédibilité. Enfin, c’est ce qu’ils se disent.

Car j’imagine que la plupart d’entre nous s’en fout complètement d’assister à un étalage de biens matériels, riches ou non. le concret n’est pas le patrimoine, mais les actions. Cette dernière phrase est on ne peut plus banale mais a apparemment besoin d’être réécrite.

 

Exemple d’un Mélenchon, qui a tout à fait le droit de défendre le prolétariat tout en tant en situation financière aisée d’ailleurs, mais qui ressent le besoin de se comparer à Marine Le Pen ou de tourner en dérision sa propre déclaration pour qu’on lise en oubliant aussitôt le fait qu’il possède plus de 600 000 euros.

 

Ce qui devrait nous inquiéter, ce n’est pas ce qu’ils possèdent, tous ces gens-là, mais ce qu’ils cherchent à posséder en prétendant agir pour notre bien… un logement social par-ci (Fadela Amara), une exonération par là, une amnistie (Harlem Désir), des vacances en jet, des cigares, des chauffeurs, des logements de fonction… sauf que tout ça, ça ne compte pas dans le patrimoine, j’imagine.

 

On n’est pas à côté de la plaque, on en est très très loin. Peut-être parce qu’ils veulent éviter de tomber dans le trou.

 

Car moraliser la vie politique, ce n’est pas avouer, la queue entre les jambes, qu’on est plus riche que le citoyen lambda mais qu’on comprend quand même sa douleur.

C’est savoir ce qu’une promesse politique implique, et clarifier les engagements qui guident ces cravates et tailleurs depuis le début de leur vie politique.

 

Savoir que Cahuzac est proche de Patrick Buisson et de partisans du GUD en dit long sur le personnage. Au moins autant que sa fraude fiscale.

 

Donc moi j’attends une autre déclaration, celle des passés politiques : de quel côté était Montebourg avant de découvrir le mot décentralisation ? quelle est donc cette banlieue si horrible dont parlent ces hommes et femmes politiques de l’UMP, les larmes aux yeux, pour nous faire comprendre qu’ils ont vécu une enfance terrible ?

Dans quels partis se sont-ils engagés dans leur fière jeunesse, avant de faire des calculs électoraux ?

 

Je ne sais pas si on peut compter sur eux pour savoir tout ça.

 

 

Rédigé par t-as-vu-ma-plume

Publié dans #Le Canard se déplume

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